Jeu de rôle

Dans le panier tu as pioché, sorti et lu dans ta tête le sujet, puis tu nous as abandonnés cinq minutes et tu es revenu vers notre groupe de six avec tes sourcils en double voûte, le front qui plissait et tes yeux qui partaient dans le coin et en haut. On attendait que tu nous dises ce qui se passait. Tu as remonté nerveusement les manches de ton pull taupe jusqu’à la pliure du coude. Enfin, tes avant-bras imberbes se sont ouverts et tournés vers nous : « Il y a une commande de 1000 € à servir pour midi, 30 personnes au château de Versailles ». Nous qui avions lu le descriptif du restaurant, on savait qu’il était à 3 minutes en scooter du château, que l’on disposait de dix engins, mais, d’après le planning un cuisinier se la coulait douce. On t’a quand même dit banco, on prend, pas seulement pour tes beaux yeux noirs et ta gueule d’ange, on a pensé que servir l’équipe d’un film en tournage dans la ville royale, ce serait bon pour la notoriété de  Sushi Croqueur.

«  Vous êtes super »

« Pas de sushi, on va y arriver ».

Debriefing

Au debrief, après avoir cherché en bibliothèque des références dans la littérature sur le management, on a conclu que tu avais pris le risque de nous faire confiance. C’est ce qui a payé. Au retour à l’école, tu as dit que notre humour t’avait « débloqué ». C’était la première fois que tu avais à diriger un groupe. « Le truc, c’est que même si tu es entraîné... Ça vaut le coup d’essayer » Quand le doyen nous a demandé de lui proposer un nom de baptême pour notre promotion, après deux heures de concertation (un autre exercice de leadership !), on a voté (c’était la bonne idée). Après recherche, on a constaté qu’il incarnait bien le champion commercial et le champion de l’organisation. Parce que c’est un entrepreneur génial et qu’en 2015, ce sera le bicentenaire de sa mort, en lançant nos chapeaux en juin, nous crierons tous « PROMOTION OBERKAMPF ! »